L’avantage
lorsque l’on participe à une conférence sur les forêts, c’est que l’on visite…
des forêts. Contrairement à l’idée que l’on s’en fait (ou plutôt que je m’en
faisais), le Japon est un pays très vert, et 70% de sa superficie est couverte
de forêts. Ces forêts sont surtout situées en montagne, sur des côtes très
pentues, et sont donc difficiles d’accès. Cela les rend très dures à gérer,
puisque l’absence de routes ou de chemins forestiers empêche les machines
d’accéder aux plantations et d’acheminer le bois vers des acheteurs potentiels.
Les machines doivent donc être adaptées aux petits chemins et sont une version
miniature de celles employées en Australie par exemple !
Le nombre de
personnes travaillant dans le domaine forestier est en diminution, ce qui n’est
pas surprenant vues la dureté des conditions de travail. Ajoutez à cela les
glissements de terrain qui sont courants sur ces pentes très prononcées, et
vous comprendrez pourquoi le Japon, qui utilise toujours le bois comme matière
première pour ses maisons et ses meubles, est un importateur net de bois,
principalement en provenance de pays tropicaux.
Technique de stabilisation du terrain
Dans le cadre de
la conférence nous avons visité quelques plantations, principalement de cèdres
du Japon, dont le bois est très prisé pour les poutres qui formeront les
plafonds des maisons ou pour les fusumas,
les portes coulissantes typiques des maisons japonaises.
Certains
propriétaires de plantations cultivent même des plantes entre les rangs
d’arbres pour augmenter leur profit (cela s’appelle l’agroforesterie). Par
exemple, des plantes de wasabi !
Pour ceux qui
parviennent à acheminer leur bois vers la vallée, une coopérative de forestiers
stocke les troncs et organise une vente aux enchères deux fois par mois. Si
l’on est intéressé par l’un des lots proposés, on peut faire une offre. Les
gros troncs sont vendus séparément, les plus petits en lot. Faites vos
prix !
Petit papier distribué à l'entrée de la vente aux enchères
Nous avons aussi
visité une forêt de cèdres plantés il y a 250 ans. Les arbres sont si grands
que la vente d’un arbre par an suffit pour faire vivre la famille du
propriétaire, et est un évènement pour les acheteurs !
Pour certaines
poutres ornementales, pas besoin de gros troncs. La technique du dai-sugi (de sugi, cèdre) permet d’obtenir plusieurs tiges par souche, généralement
en un temps plus court qu’un arbre complet. Dans certains cas on obtient même 30
tiges par arbre ! Après 25 ans, les tiges seront coupées, puis séchées,
pour finalement être polies et prêtes à la vente. Certaines espèces de cèdres
sont même sélectionnées en fonction du relief de leur tronc, car au Japon, les
classes supérieures préfèrent des bois moins lisses et ayant plus de caractère !
Dai-sugi
Séchage des troncs